LES GUEULES ENFARINÉES

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Nous sommes les miséreux, les rouges, les bougnoules, les trop blancs, les jaunes, les negres, les déshérités, les quartiers sensibles, les sauvageons, « les humiliés de la vie ». Chaque jour nos rangs grossissent. Nos bataillons sont gigantesques.

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« oh, vous savez je ne fais que mon travail » dit elle en nous écrasant la gueule dans le caniveau de sa botte cloutée. Elle a une matraque et une casquette. Elle n’en voulait pas mais elle a peur de nous rejoindre. Elle s’est soumise contrainte et forcée. Elle souffre tout comme nous et nous désarme par sa ressemblance.

Au dessus d’elle, de matraque en taser, de casquette en képi, il y’a le cravaté. Il s’affiche grand sourire sur nos murs, sur nos écrans, sur nos journaux que nous n’achetons plus. Il prône le malheur, l’austérité, les vertus de la pauvreté généralisée tout en se servant allègrement dans la caisse publique. Il a un château dans la sarthe et un compte en banque avec des tas de zéros. Il fait des courses de voitures et des conférences au katar mais ne connait pas le prix d’une baguette.

Je suis une poussière de la cinquième puissance mondiale et aujourd’hui mon frigo est vide …


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