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Recroquevillé, les os fragiles, Hubert-Gaston regarde les blattes ramper sur le mur. Elles ont confectionné un nid fabuleux dans l’angle sud du plafond. Il faut les voir vaquer à leurs activités ! Toute cette vie est magnifique. Et dire qu’on a pu reprocher à Hubert-Gaston de ne pas avoir d’amis alors qu’elles sont là grouillantes de vie par milliers rien que pour lui.
Appartement exigu, volets tirés, porte fermée à double tour, vaisselle moisie, électricité coupée, l’heure est morte depuis une éternité.
Au sol quelques lettres d’horreur d’avant la faim, des commandements de payer, des derniers avis et autres rappels urgents… Depuis quand les toilettes sont elles bouchées ?
Il y’a du bruit à l’extérieur : des voitures polluantes, des enfants qui vont mourir et une multitude de zombies errant dans leur monde sans sens.
Hubert-Gaston se sent bien dans son obscurité. Ses nuits sont sereines. Il a avalé sa noirceur, transformé ses cauchemars en réalité éveillée, digéré la putridité de ses plaies intérieures. Les asticots se dandinent si bien au sein de la moisissure d’une vie d’échecs. La pourriture est nutritive. Jouissance du bouton qui éclate, sentir le pus couler le long de la peau puis manger la croute réparatrice. Entretenir sa plaie et enfin avoir du contrôle sur son existence. Hubert-Gaston sourit de son intelligente différence. Protection crasseuse face à des aveugles certifiés conformes, il est bien, là, dans sa plénitude morbide, loin de tout, démissionnaire, cultivant un jardin de tarentules.
Ca frappe à la porte. il sursaute. Panique. Sueurs. Angoisse. Il ne veut pas sortir. Il fait beau dehors et le soleil est cancérigène. Que vont ils faire de lui ? Laissez le ! Il ne vous aime pas, il ne s’aime pas. Il ne veut pas, il ne veut plus. Non ! Pas encore ! Pitié !
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